Cet article est la retranscription de l’épisode du podcast #QSNTALKS – Episode 4 – Le shadowban sur les réseaux sociaux, modération ou censure ? Il s’agit d’une mise à jour de 2 précédents publiés sur le blog-eReputation.
Dans cet épisode:
▶️Le principe de shadowban
▶️Les types de shadowbanning
▶️Les pratiques de shadowban sur Twitter, Facebook, LinkedIN, Youtube, TikTok et Instagram
▶️Conseils pour éviter le shadowbanning
▶️ Shadowban : modération ou censure et atteinte à la liberté d’expression ?

La modération des contenus sur les réseaux sociaux par les plateformes est un sujet qui revient régulièrement à la une.
Dès le mois de décembre 2020 , la Commission européenne se préparait à vouloir réguler les pratiques de modération au travers d’un « Digital Services Act » globalement destiné à responsabiliser les plateformes.
En France, la loi Avia qui voulait statuer sur le sujet de la modération des contenus avait été en grande partie censurée par le Conseil constitutionnel à l’été 2020 pour, je cite, « non compatibilité avec la liberté d’expression ».
C’est désormais une « loi contre le séparatisme » dont il faut parler, consacrée à la lutte contre la haine en ligne.
Si le législateur veut imposer plus de transparence aux plateformes pour modérer certains contenus et comportements, qu’en est-il des pratiques opaques mises en place par les plateformes concernant un autre type de « modération » portant sur des aspects qui ne sont pas reconnus offciellement.
Je veux parler du principe de shadowban
Le shadowban consiste à ce que des publications soient rendues invisibles sans que l’auteur n’ait fait l’objet d’un bannissement ou d’une notification officielle. Cette pratique officieuse est, selon moi, source d’inégalités et représente une réelle atteinte à la liberté d’expression.
A l’origine, ce principe était destiné à lutter contre les spams, les robots et les faux comptes en leur permettant de continuer à agir tout en limitant leur visibilité exclusivement à leur communauté sans qu’ils en soient informés.
Mais les pratiques des plateformes ne se limitent plus depuis longtemps aux seuls spammeurs. Et nombre de plateformes intègrent ce principe, non-officiellement, dans leurs algorithmes de visibilité et de modération.
On recense quatre situations de shadowban :
- Lorsqu’un nom d’utilisateur ou un hashtag n’apparaissant pas dans les suggestions de recherche
- Lorsque l’on constate forte diminution de l’engagement
- Lorsque l’on rencontre un blocage de certaines fonctionnalités
- Et enfin, l’ interdiction temporaire d’utiliser son compte
Faisons donc un point sur les pratiques des principales plateformes sociales
Qu’en est il de Twitter et de la pratique de shadowban ?
En 2018, sur son blog , Twitter affirmait ne pas délibérément masquer des contenus et en particulier sur les contenus politiques ou idéologiques.
Cependant, Twitter reconnaissait « classer » les tweets et les résultats de recherche pour pénaliser certains comptes. Ce qui revient donc à faire du shadowban en réduisant la visibilité de certains contenus ou de certains comptes.
Alors, Comment éviter d’être pénalisé par Twitter ?
- confirmer son email
- mettre une photo de profil
- faire attention aux types de profils que vous suivez et que vous retweetez
- faire attention aussi aux types de profils qui vous suivent, vous retweetent, vous bloquent
- éviter de spammer
- éviter la promotion excessive pour ne pas faire bloquer ses contenus par d’autres utilisateurs.
- éviter les comportements agressifs pour ne pas faire bloquer son profil par d’autres utilisateurs
Comment savoir si vous faites l’objet de shadowban sur Twitter ?
Il est très difficile de le savoir avec exactitude.
Le site Shadowban.eu prétend pouvoir le détecter. Essayez-le.
Parlons maintenant de Facebook et du shadowban?
En principe, le contenu qui enfreint les règles communautaires de Facebook sera retiré du site, tandis que d’autres contenus indésirables, comme les informations trompeuses, seront moins visibles ou porteront une étiquette d’avertissement.
Un indice : si Facebook diminue constamment la visibilité de vos publications, c’est que vous faites certainement l’objet de « shadowban ».
Comment éviter d’être pénalisé par Facebook ?
- éviter de partager des liens vers des informations fausses ou trompeuses.
- éviter les pratiques de type « clickbait » ou « appât à clics », techniques visant à maximiser « abusivement » le nombre de clics.
LinkedIN, réseau social professionnel, a-t-il également recours au shadowban ?
Comme tous les réseaux sociaux, LinkedIn dispose de politiques communautaires que tous les membres doivent suivre pour éviter les problèmes.
La « boite noire » sur le fonctionnement de l’algorithme de gestion de visibilité des contenus reste confidentielle mais l’existence d’un tel algorithme est notoire pour limiter la visibilité ou supprimer tout simplement des contenus sans en informer son auteur.
Comment éviter d’être pénalisé par LinkedIN ?
- éviter le harcèlement
- éviter l’agressivité
- s’assurer de l’engagement suscité par ses publications
YouTube, la plateforme de video, est elle concernée ?
Fin 2020, YouTube s’est fait remarquer en bloquant les recherches concernant la chaine d’un célèbre Youtuber (du YouTuber PewDiePie), spécialisée dans les jeux vidéos.
La réponse officielle de YouTube ? « YouTube ne fait pas de shadowban. Il est possible que la vidéo ait été signalée par nos systèmes comme potentiellement violente et qu’elle doive être examinée avant de faire l’objet d’une recherche,
etc. Notez que les examens prennent plus de temps car nous avons des équipes limitées en raison de COVID-19 »
En d’autres terme, on peut aussi être banni sur YouTube.
Le shadowban est il possible sur TikTok, la plateforme préférée des jeunes
Comme les autres plateformes, TikTok utilise des algorithmes pour privilégier certains contenus mais ne reconnait pas officiellement pratiquer le shadowban.
Comment éviter d’être pénalisé par TikTok ?
- évitez les contenus illégaux, violents et haineux
- évitez le spam
Terminons par Instagram
En février 2020, Adam Mosseri, CEO d’Instagram, répondait sur le sujet “Shadow banning is not a thing,” (excusez mon accent, mais vous aurez compris le sens de sa formule).
Et pourtant, Instagram avait dû s’excuser publiquement pour avoir masqué les publications de pole dancers diffusées à l’occasion d’un Festival lors de l’utilisation de hashtags spécifiques tels que #PoleFitness et #StLuciaCarnival .
La parole du CEO d’Instagram n’est donc pas plus crédible que celle du CEO de Twitter ou d’autres puisque tous tiennent le même discours officiel alors que les faits prouvent le contraire.
L’algorithme d’Instagram (toujours lui) supprimera certains contenus ou réduira leur visibilité si ils sont considérés comme « inappropriés », même s’ils ne vont pas à l’encontre des directives communautaires de l’application.
C’est donc la preuve qu’Instagram, comme les autres plateformes, décide unilatéralement des contenus qu’il choisit de supprimer en plus des raisons qui justifient le blocage d’un compte comme le précisent les conditions officielles d’utilisation de la plateforme. Parmi ces causes officielles ont trouve par exemple:
- Le partage de photos ou de vidéos pour lesquelles vous n’avez pas les droits
- Publier des photos ou des vidéos qui contiennent de la nudité dite explicite (organes génitaux, rapports sexuels, gros plans de fesses)
- Le recours à des outils d’Automatisation de commentaires, likes, suivis ou de partages
- Les pratiques de Spam à des fins commerciales.
- Participer à des groupes haineux, au crime organisé et au terrorisme.
- Faire de la publicité pour des services sexuels, l’achat et la vente d’armes à feu et de drogues
- Faire preuve d’un comportement agressif envers les autres membres d’Instagram (propos haineux, menaces, violence, …)
- Ou bien encore, Poster des contenus qui glorifient l’auto-mutilation
Si la plupart de ces raisons semblent pouvoir justifier la suppression de contenus, de nombreuses situations basées notamment sur l’utilisation de certains hashtags n’entrent absolument pas dans ces critères.
Pour connaitre les hashtags bloqués sur Instagram, Allez dans la zone « Explorer » puis Tapez le hashtag recherché dans la barre de recherche.
Faites le test avec le hashtag AVANTAPRES. Vous obtiendrez en retour un message d’information précisant, je cite : « Nous avons masqué les publications comportant le hashtag avantapres pour protéger notre communauté, en raison de contenus encourageant un comportement dangereux.
L’objectif était d’éviter la prolifération de photos faisant la promotion de régimes pouvant inciter à des comportements dangereux pour la santé. Intention louable mais rien n’interdit ces contenus dans les conditions d’utilisation. D’autre part, quelle est la réelle efficacité de cette modération si elle se base uniquement sur un hashtag alors que La même publication sans ce hashtag ne verra pas sa visibilité diminuée. D’ailleurs, quelle est la logique lorsque pendant de nombreux mois, on pouvait constater le blocage du hashtag avantapres, sans accent sur le E , alors que le même hashtag avec accent ne subissait pas les foudres d’instagram.
Quelques conseils pour éviter le shadowbanning sur Instagram
- Ne pas utiliser de hashtags bannis , vérifiez donc vos hashtags avant de les utiliser !
- SupprimeZ les hashtags bannis de vos anciens posts
- Ne mettez pas systématiquement 30 hashtags sur vos posts , ça vous évitera d’être considéré comme spammeur. De toute façon, les études récentes montrent que ce contenter de 6 à 10 hashtag sur Instagram génère plus d’engagement.
- Autre conseil, N’utilisez pas toujours uniquement les mêmes hashtags pour ne pas être assimilé à un robot
- Et enfin, Evitez d’intégrer des pods (ces groupes ou les membres s’auto-like systématiquement à chaque publication pour forcer l’algorithme de visibilité) . Ces pods sont désormais détectés et pénalisés.
Certains hashtags peuvent aussi être interdits temporairement et d’autres définitivement. L’utilisation d’un hashtag interdit par Instagram rendra inefficace tous les autres hashtags de votre publication. Il est donc important de vérifier régulièrement la validité des hashtags choisis.
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Que faut-il retenir de cette pratique officieuse de bannissement de la part des réseaux sociaux?
Bien sûr, Chaque réseau social possède ses propres conditions générales d’utilisation. Celles-ci précisent les pratiques à éviter pouvant justifier le blocage ou la suppression définitive d’un compte. Et C’est sur l’application du non-respect de ces règlements que les différentes plateformes ont d’ailleurs justifié la fermeture des profils sociaux de Donald Trump.
Toutefois, le principe du shadowban reste une pratique qui n’est pas officiellement reconnue et n’est donc pas mentionnée dans les conditions générales d’utilisation des plateformes.
et c’est cela qui selon moi pose problème.
Cette absence de transparence sur des règles uniquement subjectives et imposées sans que les utilisateurs puissent en avoir connaissance représente un réel risque pour la liberté d’expression et peut être qualifiée de censure.
Si le législateur veut imposer un cadre plus stricte aux plateformes concernant les principes de modération comme je le précisait dans mon introduction, il est primordial d’y intégrer la gestion des algorithmes et les pratiques de type shadowban.
L’absence de transparence sur ce sujet génère des abus et des dérapages à mon sens inadmissibles concernant la liberté d’expression. Le contrôle des algorithmes devrait être effectué par des organismes tiers et impartiaux et leurs règles de fonctionnement devraient être accessibles en toute transparence.
Cela éviterait par exemple qu’une plateforme comme Instagram bannisse des publications pour la seule raison d’y inclure le hashtag d’un concurrent tel Snapchat.
Subjectivité, arbitraire et opacité qualifient parfaitement le mode de fonctionnement des plateformes qui appliquent le principe du shadowban.
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Un article de Frédéric Foschiani, Fondateur et Président de QSN-DigiTal, agence spécialiste des réseaux sociaux et de l’eReputation => Liens utiles
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