Cet article est la retranscription de l’épisode du podcast #QSNTALKS – Episode 25 – A quel moment publier sur les réseaux sociaux ?

Cet épisode a été diffusé sur le podcast le 6 avril 2022

Dans cet épisode:   

▶️ Les différents types de faux profils sur LinkedIN  

▶️ Les raisons de création de faux profils

▶️ Les tendances des faux profils avec l’intelligence artificielle

▶️ Comment tenter de détecter les faux profils

Bonjour

On connait la pratique des faux profils sur de nombreux réseaux sociaux notamment , de soit disant jeunes femmes cherchant à entrer en contact pour proposer des contenus payants…

LinkediN n’y échappe pas et les intentions liées à ces faux profils ne sont pas uniquement en rapport avec des prestations ou contenus à caractères sexuels. Cependant, on assiste à une évolution des pratiques qui peuvent rendre l’identification de faux profils de plus en plus difficile notamment avec l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Quelles sont donc les raisons de création de ces faux profils et comment tenter les identifier ?

Voilà ce que je vous propose d’aborder dans cet épisode de QSNTALKS.

Les différents types de faux profils LinkedIN

Il existe différents types de faux profils sur LinkedIN:

Les faux profils facilement identifiables

Tout d’abord, Les faux profil d’entreprises que l’on a connu il y a quelques années mais que l’on rencontre encore.

De nombreuses entreprises se créaient un profil LinkedIN pour le compte d’un Service comme par exemple au nom du Service Recrutement. Le but de la démarche était d’utiliser ce profil pour le sourcing de candidats, voire même de constituer un vivier de contacts au travers du réseau du profil.

On retrouve encore de temps en temps ce type de profil qui ne peut en aucun cas permettre d’atteindre les résultats souhaités pour différentes raisons : impersonnalité du profil, réseau de contacts minime et activité inexistante.

Pas vraiment de quoi donner envie à un candidat potentiel de s’y intéresser.

Il y a aussi les profils créés sous une fausse identité pour faire là encore du sourcing de candidats ou de la prospection commerciale. Démarche là aussi peu fructueuse lorsque l’on tente de démarrer une relation sur la base d’ un mensonge.

Certains justifient ces faux profils pour un besoin uniquement de recherche de prospects par exemple, sans volonté de contact via LinkedIN. Mais on peut tout autant se poser la question de l’intérêt de cette démarche dans la mesure ou il est possible avec un profil gratuit de masquer sa navigation.

Ces 2 exemples de faux profils sont souvent la preuve de la méconnaissance de la plateforme de la part de ceux qui les créent.

Jusqu’à présent, les profils créés sous une fausse identité pouvaient être identifiés assez facilement au travers de leur présentation très peu détaillée, de leur activité inexistante et surtout des photos de profils extraites de banques d’images assez reconnaissable. Une simple recherche d’image avec un outil comme Tineye permettait justement de confirmer immediatement que la photo de profil était issue d’une banque d’image.

Mais aujourd’hui, cela se complique avec le recours à l’intelligence artificielle.

Le recours à l’intelligence artificielle rend plus difficile l’identification de faux profils LinkedIN

Une enquête récente menée par le Stanford Internet Observatory sur un échantillon de profils LinkedIN a permis de découvrir plus de 1 000 de ces profils LinkedIn qui utilisent ce qui semble être des visages créés par une intelligence artificielle.

Si ce type de profils sociaux utilisant des visages générés par ordinateur ont par le passé été utilisé pour de la désinformation politique, du harcèlement, voire même de l’espionnage économique, de nombreux faux profils LinkedIn semblent avoir un objectif beaucoup plus banal : développer les ventes d’une entreprise. Derrière un ou plusieurs faux profil peut effectivement se cacher un vrai vendeur.

Le besoin de développement commercial à distance a explosé pendant la pandémie et cela explique aussi le recours à la hausse de faux profils.

D’un point de vue commercial, la création de profils sociaux avec des visages générés par ordinateur a ses avantages puisque ce sera toujours moins cher que d’engager plusieurs personnes. En utilisant de faux profils, les entreprises peuvent ratisser très large en ligne sans avoir à renforcer leur propre personnel de vente ou à se heurter aux limites fixées par LinkedIn aux profils gratuits en terme de nombre de recherches et de demandes de contacts autorisés.

Plus de 70 entreprises figuraient comme employeurs sur les faux profils identifiés par l’enquête du Stanford Internet Observatory. Certaines d’entre elles ont admis avoir sous-traité des actions commerciales de génération de leads mais n’auraient toutefois pas autorisé l’utilisation d’images générées par ordinateur.

Quoi qu’il en soit, ces photos de profil LinkedIn générées par ordinateur illustrent comment une technologie qui a fait ses preuves pour propager la désinformation et le harcèlement en ligne fait désormais son chemin dans le monde de l’entreprise et dans les relations entre professionnels.

Ces photos créées par Intelligence artificielle sont aussi très efficaces. Une étude récente a révélé que les visages créés par l’IA sont devenus quasiment « indiscernables » des vrais visages.

Selon, Hany Farid, expert en criminalistique des médias numériques à l’université de Californie de Berkeley , il n’y aurait aucune chance pour un non-initié de reconnaitre  s’il s’agit d’une personne réelle ou d’un visage généré synthétiquement.

Toujours selon cette même étude du Stanford Internet Observatory, les visages créés par ordinateur seraient considérés comme légèrement plus dignes de confiance que les vrais visages. Cela tiendrait au fait que l’Intelligence artificielle s’en tient aux caractéristiques les plus moyennes lorsqu’elle crée un visage. Un visage est digne de confiance, parce qu’il est familier, qu’il ressemble à quelqu’un que nous connaissons.

Cette tendance fait craindre que la prolifération du contenu généré par l’IA n’augure une nouvelle ère de tromperie en ligne, utilisant non seulement des images fixes, mais aussi probablement les « deepfakes » audio et vidéo.

Pour rappel, la dernière vidéo deepfake qui a eu un retentissement international montrait le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelant ses soldats à se rendre. Si l’exposition de cette vidéo a permis également d’en faciliter l’analyse pour révéler la supercherie, cela sera probablement beaucoup plus difficile dans le cadre de relations professionnelles entre 2 interlocuteurs.

Vers un business des faux profils LinkedIN ?

La technologie généralement utilisée pour créer les photos par intelligence artificielle est connue sous le nom de réseau antagoniste génératif, ou GAN. N’existant que depuis 2014, cette technique s’est rapidement améliorée pour créer des visages réalistes en s’entraînant sur de grands ensembles de données de photos de personnes réelles. Aujourd’hui, des sites web permettent à quiconque de télécharger gratuitement des visages générés par ordinateur.

Pour ceux qui sont prêts à mettre la main à la poche, un marché se développe actuellement.

Des entreprises proposent en effet des services allant de l’avatar généré par intelligence artificielle au forfait comprenant des « profils personnalisés dont les avatars sont générés par l’intelligence artificielle et un nombre illimité de messages automatisés par des bots. Les tarifs s’échelonnent entre 300 à 1300 dollars par mois.

Malgré tout, certains détails peuvent encore éveiller les soupçons quant aux visages créés par intelligence artificielle mais jusqu’à quand ? : des défauts dans la chevelure ou les bijoux portés, le positionnement trop central des yeux sur l’écran , un arrière-plan flou, etc… Seuls, tous ces indices peuvent être expliqués, mais ensemble, ils doivent éveiller les soupçons.

Quelles mesures sont mises en place par LinkedIN pour lutter contre les faux profils ?

Pendant ce temps là, LinkedIN tente tant bien que mal de nettoyer sa plateforme  comme le rappellent ses conditions générales d’utilisation, où il est précisé que tout profil inauthentique, y compris ceux utilisant des photos qui ne représentent pas un utilisateur réel, va à l’encontre de ses règles.

Mais la disponibilité et la qualité croissantes des photos générées par l’IA créent de nouveaux défis .

Un porte-parole de LinkedIn, précise que l’entreprise « travaille constamment à l’amélioration de ses modèles pour s’assurer d’identifier et supprimer les profils qui utilisent des images générées par ordinateur. »

On notera d’ailleurs que LinkedIn a supprimé plus de 15 millions de faux comptes au cours des six premiers mois de 2021, selon son plus récent rapport de transparence. Il précise que la grande majorité a été détectée lors de l’inscription, et que la plupart des autres ont été trouvés par ses systèmes automatiques, avant qu’un membre de LinkedIn ne les signale.

Si les dérives liées aux faux profils se poursuivent, et dans la même optique que la lutte contre certains comportements favorisés par l’anonymat que permettent certaines plateformes, il est possible que les processus de certification de comptes qui sont actuellement réservées à certaines typologies de personnes pour les préserver de tentatives de détournement d’identité soient élargies en demandant une preuve de l’identité de la personne lors de la création de son profil.

LinkedIN et Facebook appliquent déjà cela en cas de doute de la véracité de l’identité de la personne à l’occasion de la création d’un nouveau profil. Celui-ci est alors débloqué uniquement après vérification d’une pièce d’identité. Peut être arriverons nous un jour à ce que cela s’applique systématiquement et pas uniquement en cas de doute.

En attendant, il nous faut donc être de plus en plus vigilants dans nos interactions sur les réseaux sociaux y compris sur LinkedIN, plateforme destinées aux échanges entre professionnels, humains de surcroit.

Nous avons l’habitude d’alerter nos enfants sur les risques liés aux échanges et aux rencontres sur les réseaux sociaux avec des personnes qui peuvent ne pas être celles qu’elles prétendent être. Et bien, nous devons désormais  appliquer à nous-mêmes ces principes de précautions dans le cadre de nos échanges professionnels. La confiance risque d’être une nouvelle exigence dans les relations social media.

Le meilleur moyen pour cela ? Humanisons nos échanges.

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Un article de Frédéric Foschiani, Fondateur et Président de QSN-DigiTal, agence spécialiste des réseaux sociaux et de l’eReputation => Liens utiles

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