Cet article est la retranscription de l’épisode du podcast #QSNTALKS – Episode 20 – Guerre en Ukraine, quel rôle des réseaux sociaux ?

Cet épisode a été diffusé sur le podcast le 2 mars 2022

Dans cet épisode:  

▶️  Guerre en Ukraine, quel rôle des réseaux sociaux ?

Guerre en Ukraine, quel rôle des réseaux sociaux ?  - podcast #qsntalks et article par Frédéric Foschiani - Président de QSN-DigiTal

Bonjour,

Aujourd’hui dans QSNTALKS, .je vais aborder le dramatique sujet de la guerre en Ukraine.

Si à première vue, cette terrible actualité semble éloignée des sujets habituellement abordés dans ce podcast, il n’en est rien car la guerre sur le terrain s’accompagne désormais d’une guerre de l’information et de désinformation amplifiée par les réseaux sociaux et qui ne se limitent pas aux  seules frontières de la Russie et de l’Ukraine.

Accès limité ou impossible à certains réseaux sociaux

La preuve en est qu’après avoir lancée l’invasion de l’Ukraine le 24 février, la Russie a annoncé, ce vendredi 25 février, réduire l’accès au réseau social Facebook puis de Twitter.

Par la voix de son regulateur, le gouvernement Russe reproche à Facebook d’avoir restreint les comptes officiels sur sa plateforme de la chaîne russe Zvezda, liée au ministère de la Défense, de l’agence de presse publique Ria Novosti et des médias russes en ligne Lenta et Gazeta

Voici la déclaration du régulateur Russe :

« Le Parquet, en consultation avec le ministère des Affaires étrangères, a décidé de reconnaître Facebook comme un réseau social impliqué dans la violation des droits humains et libertés fondamentales ainsi que des droits et libertés des citoyens russes. »

Cette décision est d’autant moins crédible que dans le même temps, Wladimir POUTINE a interdit aux médias Russes d’utiliser le terme ‘invasion’ au sujet de l’intervention militaire Russe en Ukraine. Comment qualifier cette pratique autrement que par des termes plus forts et moins suptibles que desinformation mais plutôt de censure et de manœuvre de propagande visant à réécrire l’histoire en temps réel.

La décision vis-à-vis de Facebook s’inscrit surtout dans une série de mesures prises contre les grands réseaux sociaux par les autorités russes ces dernières années, souvent sous prétexte de protéger les mineurs et de combattre l’extrémisme.

Des plateformes comme Facebook, YouTube, TikTok ou encore Twitter ont déjà par le passé été condamnées à de multiples amendes en Russie.

Information et désinformation, leviers des guerres modernes

L’objectif est clairement de réduire l’accès à l’information qui n’émane pas des organes officiels et qui donc n’est pas contrôlable et manipulable par le gouvernement, alors que dans le même temps l’Ukraine et son président font des réseaux sociaux un porte-voix de ce conflit.

Ainsi, Twitter est devenu le canal privilégié du Président Ukrainien Zelensky pour s’adresser en temps réel aux Ukrainiens et à la Communauté internationale.

Rien d’étonnant donc à ce que l’accès à internet fasse partie des priorités pour les 2 camps. Les Ukrainiens et les journalistes sur place dans le but d’informer et de s’informer, et les Russes pour empêcher justement l’expression de leurs opposants.

C’est pourquoi Internet fait l’objet de nombreuses coupures en Ukraine. Couper, ralentir ou censurer les communications faisant désormais partie des stratégies dans les situations de conflit.

Dans ce contexte, on  ne peut que louer l’initiative d’Elon Musk qui a annoncé avoir fait activer en Ukraine le service Internet par satellite STARLINK déployé par son groupe SpaceX. Pour fonctionner, ce service repose sur l’installation de paraboles au sol qui sont en cours d’acheminement vers l’Ukraine selon l’annonce du milliardaire americain. Elon Musk répond ainsi favorablement à la demande qui lui a été faite le jour même , le 26 fevrier, par le Vice premier ministre ukrainien Fedorov, interpellant Elon Musk sur …Twitter justement.

Simultanément, on assiste à un regain de fake news sur les réseaux sociaux en provenance des 2 camps, visant à influencer l’opinion. Fake news d’autant plus difficiles à identifier qu’elles recours aux leviers classiques des hashtags pour augmenter leur visibilité.

Un hashtags n’est pas une garantie de fiabilité. Qu’il s’agisse de hashtags comme #STANDFORUKRAINE#PRAYFORUKRAINE , #UkraineRUSSIA , chaque camp peut profiter de leur usage pour contribuer à la désinformation.

Comment les réseaux sociaux gèrent-ils la désinformation ?

Face à cette épidémie d’infox , les réseaux sociaux ont mis en place plusieurs mesures.

Jeudi, Meta ouvrait un « centre d’opérations spéciales » pour l’Ukraine. Cette cellule de crise vise à détecter au plus vite les contenus haineux, violents ou manipulateurs. Celle-ci est dotée d’experts qui parlent ukrainien et russe. Facebook a aussi lancé, comme en 2011 en Afghanistan, une fonction permettant de verrouiller son profil par sécurité en 1 clic pour éviter que les contenus et les données personnelles d’identification puissent être accessibles.

Twitter de son côté, a publié un ensemble de recommandations à destination du public mais aussi des journalistes. Un « thread » a été posté en anglais et en ukrainien, renvoyant vers différentes pages de bonnes pratiques expliquant comment contrôler son compte et ses informations numériques.

La problématique de la modération des contenus sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux vont donc se retrouver face à des décisions complexes sur la nature des contenus à laisser ou non en ligne.

La modération des contenus par les plateformes, source de critiques depuis années, devient un réel enjeu politique et stratégique dans le cadre de ce conflit.

La suppression systématique d’images et de fausses informations peut poser problème dans la mesure où certaines photos et vidéos peuvent constituer des éléments de preuves, par exemple de crimes de guerre. En inondant les réseaux de fake News, la Russie pourrait ainsi volontairement inciter à une modération stricte des plateformes dans le but de faire disparaître de telles pièces à convictions. Cela revient à appliquer le principe de ‘cancel culture’ en temps réel.

.C’est la raison pour laquelle certains tentent déjà d’archiver le plus d’éléments possibles : la start-up Arweave a ainsi appelé à collecter le maximum d’éléments relatifs au conflit et à les consigner dans la blockchain pour les sécuriser. 

Dans ce contexte, la modération s’avère tellement compliquée qu’elle amène les plateformes à revenir sur de précédentes décisions de bannissement. Facebook a ainsi décidé d’autoriser les discours en faveur du bataillon Azov, une milice ukrainienne ultranationaliste, tant que ces propos se cantonnent à décrire leur action militaire contre les forces russes.

Il faut savoir que ce groupe armé, à l’idéologie ouvertement néonazie, avait été banni de Facebook en 2019. A partir de cet exemple, Donald Trump va-t-il s’engouffrer dans la brèche pour obtenir son retour en grâce sur les reseaux sociaux, notamment compte tenu des difficultés liées au lancement de son propre réseau social ? On peut s’attendre à tout.

Sur internet, la guerre de l’information et de la désinformation ne se limite pas aux frontières de la Russie et de l’Ukraine

La guerre s’accompagne donc désormais d’une guerre de l’information et de désinformation amplifiée par les réseaux sociaux qui ne se limite pas aux frontières de la Russie et de l’Ukraine.

Il ne peut pas y avoir de neutralité

Roberta Metsola, Présidente du Parlement Européen

Le 1er mars, dans son discours au Parlement Européen, Roberta Metsola, Présidente du Parlement Européen, a annoncé un certain nombre d’actions que l’Union Européenne doit mettre en place pour aller encore plus loin dans les réactions face à l’invasion Russe.

Parmi les mesures annoncées contre la Russie, Roberta Metsola a exprimé sa volonté de lutter aussi contre la désinformation en appelant les réseaux sociaux à agir, précisant à leur endroit qu’ « il ne peut pas y avoir de neutralité » !

Car si l’UE n’est pas encore touchée ne serait-ce par des conséquences économiques, nous sommes déjà sujets à la désinformation tout comme au risque de cyber attaques. 

C’est à chacun d’entre nous d’augmenter son seuil de vigilance en terme de sécurité de nos données mais aussi sur la fiabilité des informations obtenues au travers des réseaux sociaux. Le fact-checking, l’identification de la source et le croisement des informations doit devenir un réflexe.

J’en profite donc pour préciser que le contenu de cet épisode s’appui sur des articles de médias français :Le Monde, France-Culture, Nice-Matin, Les Echos, Ouest-France, BFMTV et du quotidien Québécois Le Devoir et Reuters.

Pour conclure, temporairement sur ce sujet, je vois une opportunité suite à la décision de POUTINE d’interdire le terme INVASION. L’opportunité de faire jouer l’effet Streisand classique. Puisqu’il ne veut plus que les medias associent l’action militaire Russe à une invasion, faisons en sorte que ce terme soit encore plus diffusé et pourquoi grâce à un hashtag ? #UKRAINEINVASION

Il faut que chacun lutte à son niveau contre la désinformation, la propagande, et la suppression des traces numériques liées à ce conflit en relayant justement des traces numériques fiables.

——————————————————————————————

Un article de Frédéric Foschiani, Fondateur et Président de QSN-DigiTal, agence spécialiste des réseaux sociaux et de l’eReputation => Liens utiles

——————————————————————————————

#ReseauxSociaux #podcast #qsntalks #russie #ukraine #desinformation #moderation #Poutine #fakenews #Propagande #Zelensky #Infox #factchecking